Depuis toujours je voulais voir la guerre, l’héritage psychologique des ouvrages de grands reporters tels que Patrick Chauvel m’en avait en tout cas donné l’envie.
En 2014 alors que j’observe de chez moi les évènements de la révolution du Maydan à Kiyv en Ukraine j’ai eu envie de croire en quelque chose de nouveau, « enfin une révolution pour la dignité humaine et contre la corruption » me suis-je dit.
Je ne pouvais pas rester devant ma télé sans prendre part à cette page d’histoire qui s’écrivait devant moi.
En Février 2014 j’ai donc rejoint mon ami artiste reporter de guerre Emeric Lhuisset et nous avons travaillé ensemble sur le Maydan sur toute une série de portraits et de témoignages.
Je suis revenu de cette première expérience photo-journalistique complètement changé, j’avais pris conscience que notre monde était en train de changer en profondeur et que je changeais avec lui, j’avais envie de bien faire, de marquer les esprits.
En Mai 2014 je suis reparti seul, cette fois dans le Donbass en guerre, côté séparatiste mais aussi côté Ukrainien. L’expérience fût brutale et ne s’est pas fait attendre; braquages sur des check-points de nuit par des mercenaires tchétchènes, tentatives de kidnapping, intimidations, menaces de mort…bienvenue à Donetsk, en république populaire autoproclamée, La DPR (Donetsk People Republic)
Si je devais décrire cela je dirai qu’on va à sa première guerre comme on va à son premier rendez-vous amoureux, avec angoisse et la peur qui n’en a encore que le nom, cela viendra, la peur physique avec laquelle il faut cohabiter… et elle viendra vite! Dès les premières explosions, dont le souvenir qui me reste est la résonance physique dans votre corps que vous n’oublierez plus jamais.
Cette même peur qui ne m’a plus jamais lâché jusqu’à mon dernier passage sur la ligne de front en 2018.
Cette peur envahissante mais nécessaire, utile pour vous donner une chance de rester en vie, car la mort frappe sans prévenir dans le Donbass; bienvenue dans la guerre 2.0
Aujourd’hui quand je repense à tout ça, je n’ai qu’une envie c’est d’y retourner, aller aider ces civils qui souffrent de tous les côtés de la ligne de front et depuis peu de parts et d’autres de L’Ukraine, conséquence de l’invasion Russe. Partout où je suis passé, partout où j’ai photographié je suis toujours repassé pour distribuer quelques denrées de première nécessité pour venir en aide à ces civils qui n’ont rien et qui manquent de tout. Rien, le mot est faible…Imaginez vous vivre sans eau, sans électricité, sans gaz avec le bruit des bombardements depuis 8 ans et la perte d’êtres chers qui ne reviendront jamais. Tel est le prix à payer en Ukraine pour un espoir de liberté sans compter les vies humaines meurtries à jamais.
Je continue d’aider à distance, avec mes moyens de manière régulière.
En 2014 j’ai voulu voir la guerre, elle m’attirait, me magnétisait, mais je n’aimais pas plus que ça la vie…aujourd’hui je déteste la guerre et j’ai appris à aimer la vie.
La paix est la première des nécessités, n’oubliez jamais ça.